Rock Radical Records


Les prémices de Bondage ont vu le jour sous Rock Radical Records (RRR) dont la direction était assurée par Kid Bravo et Philippe Baia. Les groupes phares, hormis les Brigades se nommaient Parabellum ou Bérurier Noir. Le catalogue est numéroté RRRi, avec i un chiffre pour les sorties 100% RRR et une lettre pour les co-productions. Le split des Brigades première version a entrainé la fin de RRR. Kid Bravo a participé à Bondage Rds. Il a monté le groupe Mega Reefer Scratch, puis fait une carrière solo dans l'électro. Il revient sur ces années Bondage dans une interview à RFI. Philippe Baia a participé a Bondage Rds, puis est devenu directeur artistique de Sony et V2 music.



      Co-productions




Extrait de "Alice au pays des labels" rubrique du fanzine Les Héros du Peuple sont Immortels #5

Dans sa démarche, Rock Radical Records peut être considéré comme proche de Crass Records : une volonté de combat où les groupes sont sélectionnés selon leurs musiques et l'intelligence de leurs textes. Des positions radicales avec un avantage sur Crass Records, les groupes font de la musique et non du bruit de fond

Emeutes et Danses

Ainsi la première production du label est un 45 tours de "rock terroriste", le premier de The Brigades avec deux titres témoignant d'une foi envers les "early Punks". Suivra ensuite un deuxième 45 tours du groupe où l'on peut juger les progrès. Rapidement sort le mini-33 tours "Bombs n'blood n'capital". Où se construit le son Brigades très Clash (l'énergie des deux premiers albums mêlée aux mélodies de "London Calling") avec toutefois quelques envolées de guitare très aigües à la Peter and the Test Tube Babies. La musique de Brigades est à la fois entrainante, propre et énergique avec parfois des clins d'oeil à Joy Division. The Brigades ont chois l'emploi de la langue anglaise (et pourtant le français colle si bien !) et le chanteur a des manières d'orateur (ton du discours pathétique et rebelle). Du point de vue des textes, le groupe fait une peinture réaliste et désespérée du monde : remise en cause du monde "libre" ("State Control Paranoïa") et du bloc "communiste" ("there are no communist in the Kremlin"), dénonciation de l'avidité des gens envers l'horreur et le scandale ("Cuttings"). Pour The Brigades, le monde est une sorte d'échiquier où les pions sont les hommes et les joueurs, les chefs des "Dictatures Libérales" et des "Dictatures Populaires" (reprise de "The Prisonner" de Thomas Dish, "Behind the scenes"). Ils dénoncent aussi le racisme et la violence au quotidien ("Saturday night murder") et colorent leur musique avec une version Dub de "Behind the Scenes".

Le second exemple de l'esprit combatif de RRR est le 45 tours où figurent Living Theatre and Co (un texte pour ne pas oublier les victimes des camps de concentration ; sur fond de piano, "Holocauste", ça change et c'est très bien fait ; ensuite un instrumental, "1944" qui reflète bien le chaos de la guerre tant les rythmes et les cris de guitare vont dans tous les sens : ça ressemble à Alternative un groupe de chez Crass Records !) et Propaganda (encore les massacres de la guerre avec "La petite horreur", très fluide musicalement, ce qui contraste avec la voix pathétique qui dit le texte). Ces deux groupes ne voient le jour que le temps du disque (Propaganda est un groupe parallèle puisqu'il contient deux membres de The Brigades).

Rescapé du Destroy de 77

Mais le groupe fort de RRR, c'est Bérurier Noir, rescapé du Destroy de 77 made in France, des habitués de Pali Kao, VISA et j'en passe ... Une originalité : deux membres (chant-guitare) plus Dédé la boite à rythme (lâchement assassinée au concert avec Poison Girl) ce qui donne une structure simple mais rythmée à la musique (de véritables cris de ralliement !). Une attitude ? Radicale bien sûr ! Anti-beaufs, anti-aliénation ! Un cri de haine est lancé (paroles simples mais spontanées), supporté par des rythmes sauvages. En bref, Bérurier Noir prouve que ce qui est simple et irréfléchi (voyez le discours et les improvisations en concert) peut être meilleur qu'un morceau travaillé pendant 10 ans et qui dure une heure ... L'urgence de 77 est rétablie ! Sur RRR, les Béruriers Noirs ont d'abord sorti un 45 tours (avec une face de concert) et un 33 tours, "Macadam Massacre". Dernièrement est sorti un maxi de The Brigades "Ready ready go Punk Rockers" qui a l'avantage de s'ouvrir à un large public malgré Le Titre. Je reprocherai toutefois aux Brigades, de ne pas avoir beaucoup évolué depuis le précédent disque. Bien sûr, les morceaux sont bien construits, que ce soit le rapide "Ready ready go Punk Rockers", le dansant "Big Mac is watching you" ("I'm so bored with the USA", vous connaissez ?), le reggae "Consume and die" (dénonciation d'une société de consommation où l'homme ne vivrait que pour acheter) ou sa version Dub. Mais il me semble qu'un manque d'originalité leur fasse défaut (Clash est encore là !). Et puis, Bérurier Noir a sorti récemment un autre 45 tours, "Nada" dont la face en concert est assez brouillonne. De toute façon, l'autre 45 tours et le 33 tours les réhabilitent amplement : on y retrouve des morceaux essentiels, "La Mort au choix", "Les buch'rons" (Le Hit), "1984" : "les Béruriers sont les rois" et autres "ils ne craignent plus la loi" ou "Nada", véritables marches de guerre dont le martèlement ne peut que vous envahir l'esprit ! RRR détient donc deux piliers du Punk Rock français et envisage la sortie d'une compilation avec VISA et un mini 33 tours de Human Punks [NdF jamais sorti]. Bref un label actif avec lequel il faut compter !

Dernière minute : The Brigades "aurait" splitté. Ce qui aurait pour conséquence de remettre en cause l'existence de RRR, à suivre



NdF : l'intérêt de ce texte est de donner un avis personnel sur les sorties de RRR. Personnellement je ne suis pas d'accord sur deux points : le maxi des Brigades est pas mal fait et "Ready ready go Punk Rockers" un de leurs sinon leur meilleur titre. Pour les critiques envers les Brigades s'il faut en faire une c'est le chant dans un anglais qui laisse parfois perplexe, mais d'aucune manière on ne peut effectivement renier l'engagement du groupe. Une preuve entre mille, même s'il est dissous, son esprit flotte encore actuellement avec les Informers. Pour ce qui est des Béruriers Noirs, le 45 tours "Nada" est une véritable perle, le témoignage vivant que les BxN avec une batterie auraient étoffé leur son parfois trop minimaliste. On sent la rage pointer dans cet enregistrement (après le vol de Dédé) où le batteur des Lukrate Milk assure la pige à la place.





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